Un cadre de prescription du cannabis thérapeutique très strict
Il ne s’agit pas d’un protocole de recherche puisque nous connaissons cette substance, son efcacité théra- peutique et ses e ets secondaires mais l’ANSM a voulu mettre en place une grande expérimentation nationale pour étudier la faisabilité d’un circuit du médicament. Si nous voulons autoriser la prescription du cannabis thérapeutique, il nous faut déterminer comment la rendre possible, le cannabis étant un produit illicite, considéré comme une drogue du point de vue de la loi.
Une molécule prometteuse dans de nombreuses indications
Le cannabis médical est une molécule intéressante dans de nombreuses indications, notamment chez les patients ayant des syndromes d’épilepsie très sévères, dans les douleurs neuropathiques rebelles, dans les soins oncologiques de support. À ce titre nous étudions aussi son intérêt dans d’autres indications que la douleur, comme les troubles du sommeil, l’anxiété ou la perte d’appétit chez des patients atteints d’un cancer.
Un traitement qui doit faire ses preuves
Il y a 2 principaux dérivés du cannabis : le CBD et le THC, dont nous connaissons parfaitement le mécanisme d’action, néanmoins à ce jour, leur niveau de preuves d’efficacité scientifiques n’est pas suffisant ou les preuves sont discordantes. Aujourd’hui, les recommandations officielles ne positionnent pas le cannabis thérapeutique dans la prise en charge des douleurs du cancer. L’expérimentation va permettre de déterminer au regard d’un niveau de preuves, l’intérêt à compléter l’arsenal thérapeutique avec cette molécule, de juger de son efficacité.
Une éventuelle efficacité dans les neuropathies
Les neuropathies chimio-induites sont très fréquentes chez les patients atteints de cancer mais sont toujours sous-diagnostiquées et sous-traitées, avec très peu de traitements réputés efficaces. Le cannabis thérapeutique est une alternative intéressante pour les douleurs rebelles. Afin d’obtenir une action antalgique, il faut utiliser des dosages de THC plutôt importants. Il fait partie des traitements adjuvants que l’on pourra recommander mais ce ne sera pas une molécule miracle qui va solutionner tous les problèmes.
Des risques d’interactions médicamenteuses mais peu d’effets indésirables
Il faut vérifier qu’il n’y ait pas d’interactions médicamenteuses avec les traitements quotidiens du patient, ses chimiothérapies et ses traitements de support, le cannabis thérapeutique pouvant engendrer des interactions médicamenteuses, voire réduire ou augmenter l’activité de certains médicaments. Pour limiter les effets secondaires, nous ajustons progressivement les doses selon certaines règles pour que le patient reçoive la dose minimale efficace. Le patient peut ressentir une somnolence, parfois la sensation de bouche sèche et très rarement des nausées ou vomissements, notamment en début de traitement. Mais si le cannabis est bien administré dans les règles de prescription requises, il est généralement bien toléré.