Pourquoi un tel bouleversement au sein du couple ?
L’annonce de la maladie est un boule- versement pour le malade bien-sûr mais il est global, il va concerner la famille, le couple, le conjoint étant en première ligne au quotidien avec le malade. La maladie va renforcer les liens, elle va démontrer les forces de cette relation mais c’est aussi une épreuve pour le couple, la maladie s’inscrivant dans la durée à différents niveaux : le quotidien, la communication, l’intimité, la vie sociale, elle provoque des incompréhensions et des malentendus.
On parle de décalage entre l’aidant et le malade sur leurs attentes, leurs besoins, qu’en est-il ?
Le proche est également impacté par cet événement, il va devoir s’adapter au rythme de la maladie. Certains comportements, sentiments de l’aidant, sont indicibles pour le malade, difficilement exprimables, compréhensibles et appréhendables pour le proche. Cette différence de vécu fait que des incompréhensions, des tensions, des malentendus vont se manifester. Tout le travail que l’on fait avec les couples, est de montrer à quel point à certains moments il n’y a pas de bonne position, ni de bonne réaction. L’aidant occupe une position difficile. Il peut être très angoissé, subir de l’usure et ressentir de la culpabilité. Souvent, il garde ses émotions pour lui. Il doit s’autoriser à avoir du temps pour lui, il peut aussi avoir besoin de se faire aider. Les aidants peuvent bénéficier d’une consultation d’onco-psychologue dans le service d’hématologie où est pris en charge leur proche, c’est inscrit dans le Plan Cancer.
Quels conseils donner aux couples ? Aux familles ?
Les malades et leurs proches peuvent consulter ensemble un psychologue dans le service dans lequel est pris en charge le malade. Il est important de pouvoir parler de certaines situations avant qu’elles ne deviennent vraiment problématiques. Les malades comme leurs proches, même les enfants et petits-enfants ont des ressources, la plupart du temps, un équilibre va se mettre en place. Informer, communiquer, exprimer ses besoins et ses difficultés, préserver le lien familial, mais aussi faire confiance dans les capacités de chacun à s’adapter sont essentiels pour tous les membres de la famille.
Comment retrouver le désir ?
La maladie va éloigner le couple aussi sur le plan physique. Quand le corps est malade, on a tendance à se replier, les douleurs, la fatigue, la dégradation de son aspect général mais aussi de son image corporelle font que le malade va limiter les contacts intimes. Même si le malade n’est pas à l’aise, il faut essayer de préserver le contact. Il est beaucoup plus facile de revenir à une intimité ou même à une sexualité quand on a gardé une proximité physique. Concernant les relations sexuelles, il faut être très modeste et très patient dans ses ambitions, il faut plutôt se mettre dans les conditions d’intimité, de se faire plaisir.
Il existe des consultations d’onco-sexualité, avec des urologues, des gynécologues, qui vont aider les couples à retrouver une sexualité. Il ne faut pas hésiter à consulter.
