Certes, des points de blocage ont été levés au cours du second semestre 2018 avec la publication des décrets autorisant la commercialisation du carfilzomib (Kyprolis) et de l’ixazomib (Ninlaro), respectivement en juillet et octobre 2018, dans des délais totalement inacceptables, par ailleurs non conformes aux directives européennes, dans la mesure où ces médicaments avaient obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché au niveau européen respectivement en novembre 2015 et novembre 2016.
À ce jour, nous déplorons qu’à la suite de la publication des rapports publiés en 2017 (rapport d’orientation du Conseil Stratégique des Industries de santé (CSIS) et rapport sénatorial sur l’accès précoce à l’innovation en matière de produits de santé), qui mettent en évidence que le modèle français se trouve aujourd’hui fragilisé par le fait que les malades accèdent de plus en plus tardivement aux innovations médicales, par comparaison à ce qui est observé dans d’autres pays européens, aucun engagement concret et planifié n’ait été pris par les pouvoirs publics afin d’y remédier. En 2019, l’AF3M restera attentive à ce que ces réformes attendues et urgentes, visant à revoir en profondeur les processus d’évaluation des médicaments, répondent aux enjeux de lisibilité et de compréhension et qu’elles soient conduites dans un délai raisonnable. L’AF3M restera d’autant plus déterminée qu’il est annoncé pour 2019 l’arrivée de nouveaux médicaments, l’examen de nouveaux dossiers, notamment la possibilité de prescrire en première ligne de traitement le daratumumab (Darzalex), le lenalidomide (Revlimid) en traitement d’entretien, le lancement de nouveaux essais cliniques sur les CAR T‑cells et sur le Venetoclax (qui inhibe la protéine anti‑apoptotique BCL2, induisant ainsi l’apoptose ou « mort cellulaire » sur de nouvelles combinaisons associant les nouveaux médicaments).
L’AF3M tient également à rappeler que la complexité de ce dossier requiert de développer une collaboration plus étroite entre les différentes parties concernées : les autorités de santé, les industriels, les sociétés savantes, les professionnels de santé, sans oublier les associations de patients, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à ce jour.
Votre Association continuera en 2019 à agir dans ce sens, à développer des contacts avec les parlementaires français mais aussi européens, de même qu’auprès des autorités de santé afin de porter ces revendications, faire que les lois qui seront votées débouchent sur des procédures plus lisibles, efficaces et adaptables, pour que l’on puisse aboutir à développer une vision partagée de ce qu’est l’innovation, afin notamment de lever les incertitudes et les doutes que la situation actuelle a engendrés.
Notre mobilisation reste intacte et nous vous tiendrons naturellement informés des développements de ce dossier dont nous ne doutons pas qu’il nécessitera aussi l’engagement de nos adhérents.
4 axes prioritaires pour agir
1. Revoir les dispositifs d’accès précoce à l’innovation dans le but de renforcer leur efficacité et leur équité
2. Intégrer les associations de patients tout au long du processus de développement des nouveaux médicaments
3. Revoir le dispositif d’évaluation des nouveaux médicaments appliqué par la HAS et son impact sur l’accès des patients à ces thérapies
4. Préparer l’avenir et favoriser l’arrivée des médicaments de thérapies innovantes (MTI)