Congrès

Bulletin 31 -

Recherches cliniques et fondamentales sur le myélome : bilan de trois congrès

L’AF3M a été invitée en 2017 à trois congrès au cours desquels de nombreux spécialistes du myélome ont présenté leurs résultats de recherches cliniques et fondamentales, et ont envisagé les innovations thérapeutiques qui pourraient être développées en France et dans le monde.

Le congrès de la Société Française d’Hématologie (SFH) du 15 au 17 mars, a fait une large part aux exposés sur les recherches et essais cliniques sur le myélome, avec une contribution active des industriels dans l’organisation de conférences sur des cas concrets et sur les nouvelles techniques pour le suivi des malades.

La 3 ème réunion internationale Controverses sur le Myélome (COMy) des 21 et 22 avril, a été inaugurée par une première session organisée par l’AF3M à l’invitation du Pr Mohamad Mohty (hôpital St Antoine, Paris), ouverte aux patients, à leurs proches et aux congressistes. Bernard Delcour et quatre représentants d’associations de patients européens (de Belgique, Croatie, Norvège, Pays Bas) ont exposé les préoccupations des patients et leurs actions. L’Assemblée Générale des médecins de l’Intergroupe Francophone du Myélome (IFM) les 29 et 30 juin, a fait le point sur les recherches cliniques, le bilan des études closes, les études en cours et à venir. Les stands de l’AF3M et de l’association Belge Mymu ont eu la visite de nombreux congressistes. Ci-après, un résumé des principales avancées évoquées dans ces congrès :

 

Thérapies

Les traitements sont désormais envisagés au cas par cas, dans des cadres définis qui prennent en compte l’âge du malade, sa forme physique, son environnement familial et géographique, et s’il s’agit d’un premier traitement ou de soigner une rechute. On sait maintenant que les thérapies choisies lors du (ou des) premier(s) traitement(s) auront souvent un impact sur l’efficacité de la réponse aux médicaments prescrits lors de la rechute.

 

En première ligne

Le traitement par chimiothérapie plus une autogreffe de cellules souches hématopoïétiques reste privilégié pour éviter une rechute précoce, pour les malades de moins de 65 ans et jusqu’à 70-75 ans pour ceux en bonne forme. L’analyse cytogénétique (voir le Bulletin n°28 - p14) au moment du diagnostic paraît de plus en plus nécessaire. En effet les réponses au traitement sont différentes selon la nature des mutations dans les plasmocytes tumoraux, et s’il existe ou non plusieurs mutations associées. Les traitements de première ligne pour les personnes non éligibles à l’autogreffe ont fait l’objet de nombreux exposés avec des références fréquentes à l’essai FIRST, démontrant l’efficacité sur la “survie sans progression de la maladie”, de l’association Revlimid (=lénalidomide, R) dexaméthasone (d). La trithérapie Melphalan, Prednisone, Thalidomide (MPT) reste pourtant une bonne thérapie. Les résultats des essais avec une addition de l’anticorps monoclonal anti-CD 38, Darzalex (=daratumumab, Dara), comme dans l’essai MAIA (DaraRd comparé à Rd), sont attendus mais semblent prometteurs.

 

Les rechutes

On définit donc le traitement en rechute (choix de 2 ou 3 médicaments) en fonction de la classe de médicament qui a été donné en première ligne. Si un immunomodulateur (Imid), comme le Revlimid a été donné en première ligne, il est préférable qu’une nouvelle thérapie puisse être conçue avec des médicaments d’une autre classe, tel un inhibiteur du protéasome comme le Velcade (=bortezomib, V).

 

Nouvelles molécules et nouvelles cibles de recherche

Certaines molécules sont en essai clinique, ou prescrites à des patients qui sont très réfractaires aux traitements évoqués ci-dessus, tel le vénétoclax, le selinexor (cf. Bulletin n°29), le pembroli- zumab (Keytruda®, un anticorps qui cible les cellules myélomateuses). Les chercheurs mettent en évidence de nouveaux effets intracellulaires des médicaments. Ainsi le Dara agit sur plusieurs mécanismes dans la cellule et en synergie dans les trithérapies. Les recherches actuelles portent sur la recherche de nouvelles cibles susceptibles d’induire la mort des plasmocytes tumoraux.

 

Suivi des traitements

Au fil des présentations, figure de plus en plus la nécessité de pouvoir évaluer l’évolution tumorale et les effets des traitements en mesurant la maladie résiduelle ou MRD (Minimal Residual Disease en anglais), une analyse qui détermine la proportion de cellules tumorales existantes parmi les plasmo- cytes de la moelle osseuse du malade. Une cellule tumorale sur 1 million peut être détectée, et en-dessous de ce seuil on parle de « MRD négative ». Pour identifier les cellules tumorales, des études génétiques, notamment réalisées en France, ont été essentielles. Au cours de leur prolifération, le nombre de mutations dans l’ADN des plasmocytes tumoraux augmente et change de nature avec les traitements. 246 gènes peuvent être l’objet de mutations dans ces plasmocytes, avec des combinaisons différentes pour chaque malade affectant un ou plusieurs de ces gène(s), correspondant à des translocations et des mutations.

 

Les requêtes des patients

Les préoccupations des malades sont les mêmes dans toute l’Europe et même inquiétantes dans les pays de faible population comme en Croatie. Partout les lenteurs administratives sont un frein à l’innovation thérapeutique, avec des difficultés pour obtenir l’agrément des médicaments par les autorités de santé et l’aboutissement des négo- ciations sur leurs prix. Les médecins sont pour leur part à l’écoute des malades, comme en témoigne l’invitation qui a été faite à notre Présidente, Bernadette Isoir-Favre, de présenter l’AF3M et ses actions aux congressistes de l’AG de l’IFM.