Activité physique et nutrition

Bulletin 37 -

Bien s’alimenter pour se préserver

Le maintien d’un bon statut nutritionnel est crucial pour la santé des patients atteints de cancer. De saines habitudes alimentaires réduisent les risques de récidive. Quels aliments privilégier ? Quels aliments limiter?

Facteurs de risques et conséquences d’une dénutrition

Plusieurs facteurs peuvent altérer l’état nutritionnel des personnes atteintes de cancer et par conséquent leur qualité de vie : la maladie elle-même, une perte d’appétit et une modification de la perception du goût, la fatigue, des troubles métaboliques ou digestifs, des difficultés à s’alimenter, ou le stress lié à la maladie. Il est important qu’une personne atteinte de cancer se nourrisse de manière adaptée, suffisante et en consommant tous les groupes d’aliments.

 

Comment lutter contre la dénutrition ? Quels aliments privilégier au-delà des compléments nutritionnels ?

Lutter contre la dénutrition, c’est d’abord la dépister précocement. La maladie et les traitements peuvent induire une diminution des ingesta (aliments consommés) et donc du poids et conduire à une dénutrition. Il faut éviter les conséquences de la dénutrition, notamment la fonte musculaire. Une fois dépistée, il faut adapter la prise en charge en fonction de l’état du patient. Nous nous basons sur un tableau décisionnel qui comporte des conseils nutritionnels, des compléments nutritionnels oraux voire une nutrition artificielle. L’objectif premier chez un patient dénutri est de stabiliser son poids et au mieux de lui faire reprendre du poids. Il faut donc avoir un apport calorique quotidien qui soit supérieur aux dépenses, c’est-à-dire, une alimentation enrichie mais également un apport optimal en protéines pour favoriser la reconstruction musculaire. Il faut notamment privilégier les crèmes, huile, beurre, margarine, mais aussi viande, poisson, fromage, laitage, voire des poudres protéinées à ajouter par exemple dans la soupe. Pour les patients ayant une atteinte rénale, il faut contrôler les apports en protéines, afin de préserver leur fonction rénale. Pour lutter contre la dénutrition, il ne faut pas oublier l’importance de pratiquer une activité physique adaptée.

 

Comment lutter contre les effets secondaires des traitements ?

Certains traitements provoquent diarrhées, nausées, vomissements, sécheresse ou mycose buccale. Pour les éviter, nous prescrivons un traitement médical adapté. Il ne faut surtout pas oublier l’hydratation car la déshydratation chez un patient atteint d’un myélome multiple est à éviter à tout prix. Pour un régime anti-diarrhéique, nous préconisons un régime pauvre en fibres, en limitant les légumes et fruits crus, les produits laitiers seront remplacés par les fromages à pâte cuite. En cas de constipation, il faut augmenter la consommation de fruits et légumes, privilégier des eaux riches en magnésium, les céréales complètes et les légumes secs. Se mobiliser au quotidien est également très bénéfique pour le transit. S’il y a une mucite, les malades doivent éviter les aliments acides, les vinaigrettes, les fruits crus mais aussi certains aliments secs qui peuvent donner des aphtes. Privilégier une texture hachée ou mixée pour diminuer le temps de mastication.

 

Y-a-t’il des aliments à éviter pendant un traitement à la cortisone ?

La corticothérapie peut provoquer une diminution du volume des muscles contre laquelle il faut lutter en privilégiant une alimentation hypercalorique et hyperprotidique. Nous demandons aux patients d’éviter les aliments trop salés comme le fromage et les charcuteries et de ne pas resaler leur plat à table. Il est recommandé toutefois de limiter les apports en sel, lorsqu’il y a des facteurs de risque cardiovasculaires, une hypertension ou une insuffisance cardiaque, mais sans régime strict. En cas de diabète avéré, il faut adopter un régime équilibré en privilégiant des aliments à faible index glycémique.

 

Quelle alimentation privilégier pendant une autogreffe ?

Le système immunitaire des patients au moment de l’autogreffe n’est pas en mesure de se défendre. Durant cette période, il faut éviter les risques d’intoxication alimentaire. Nous adaptons l’alimentation au quotidien avec si nécessaire recours aux compléments nutritionnels et nous mettons en place une alimentation  « protégée », c’est-à-dire pauvre en germes. Concrètement, il faut éviter les aliments crus d’origine animale : fruits de mer, sushis, viandes crues, fromages au lait cru et les aliments à l’air libre type crudités. Il convient d’appliquer certaines mesures hygiéno- diététiques après l’autogreffe. Beaucoup de patients ont un statut de dépression immunitaire qui se chronicise. Toutefois, il ne s’agit plus d’éviter les aliments à risque d’infection alimentaire car les infections sont plutôt de type pulmonaire ou ORL. Des études récentes ont démontré qu’une alimentation protégée n’est pas associée à moins de risques infectieux qu’une alimentation normale.

 

En période de rémission, y a-t-il des conseils nutritionnels à apporter ?

Si le patient n’est pas dénutri, on revient sur les conseils valables pour la population générale, c’est-à-dire une alimentation variée, équilibrée. On retrouve ces informations sur le site du réseau NACRe ou dans les recommandations du PNNS.

 

Que dire du curcuma ?

Effectivement, c’est une demande fréquente de la part des patients. Certaines études suggèrent une éventuelle efficacité mais d’autres données sont nécessaires pour affirmer quoi que ce soit. En revanche, l’interaction avec certaines chimiothérapies est bien établie. Pour les patients qui souhaitent en consommer, nous préférons qu’ils l’utilisent pour leur cuisine plutôt qu’en compléments oraux (gélules ou comprimés), plus concentrés.

 

Que dire du jeûne avant une chimiothérapie ?

En l’état actuel des choses, Il n’y a pas de preuves chez l’homme d’un effet protecteur du jeûne ou d’un quelconque régime restrictif, que ce soit dans le développement des cancers ou pendant la maladie. Le jeûne avant une chimiothérapie n’est pas recommandé car il n’y a pas de bénéfices démontrés mais surtout toutes les études ont prouvé qu’il y avait un risque d’aggravation, voire de survenue de dénutrition ou de sarcopénie. Si les patients décident de pratiquer le jeûne, notre rôle est de les avertir des risques et de les accompagner avec une surveillance très rapprochée. 

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