Chimiothérapie : une méthode globale et ancienne
La chimiothérapie, utilisée depuis des décennies, détruit les cellules qui se divisent rapidement, une caractéristique des cellules cancéreuses. Cependant, elle touche également des cellules saines en division, comme celles des cheveux ou des muqueuses, causant des effets secondaires fréquents. Parmi eux figurent la perte des cheveux, l’envie de vomir (nausée) et des inflammations douloureuses de la bouche ou de la gorge (mucite) qui peuvent compliquer l’alimentation.
Dans le myélome multiple, la chimiothérapie est souvent utilisée chez les patients jeunes candidats à une autogreffe de cellules souches. Le traitement implique l’administration de melphalan à forte dose pour réduire la charge tumorale avant la réinjection des cellules souches prélevées au préalable. Celles-ci permettent à la moelle osseuse de se régénérer et de produire des cellules sanguines normales (détruites par le melphalan). Bien que ce traitement reste efficace, il est de plus en plus concurrencé par l’immunothérapie.
Immunothérapie : une approche ciblée et innovante
L’immunothérapie mobilise les défenses naturelles du corps pour s’attaquer aux cellules cancéreuses avec une grande précision. Elle a commencé avec les anticorps monoclonaux, comme le daratumumab ou l’isatuximab, qui ciblent des protéines spécifi ques à la surface des ellules cancéreuses (CD38 pour ces 2 traitements), facilitant leur destruction par le système immunitaire. Les CAR-T (en anglais Chimeric Antigen Receptor T-cells), une technologie plus récente, consistent à prélever certaines cellules du système immunitaire du patient (les lymphocytes T, LT), à les modifier en laboratoire pour qu’ils reconnaissent une protéine présente à la surface des cellules cancéreuses, comme le BCMA, puis à les réinjecter. Ces cellules “surentraînées” ciblent et éliminent les cellules malades. Ce traitement est particulièrement efficace chez les patients en rechute après plusieurs traitements. Cependant, sa fabrication est complexe : les cellules sont, pour le moment, envoyées à l’étranger, notamment aux États-Unis, pour être modifiées, un processus qui peut durer plusieurs semaines.
Pendant ce délai, un traitement temporaire est nécessaire pour contrôler la maladie (appelé traitement de bridging). Malgré ces contraintes, les CAR-T offrent des résultats intéressants mais nécessitent une prise en charge spécialisée. A côté des CAR-T, les anticorps bispécifiques, comme le teclistamab ou l’elranatamab, offrent également une alternative très prometteuse en ciblant aussi les LT. Contrairement aux CAR-T, ils ne nécessitent pas de prélèvement ou de modification des cellules du patient. Ces anticorps possèdent deux sites de liaison : l’un cible les cellules cancéreuses, l’autre se connecte aux LT, créant un pont entre ces deux cellules pour détruire la tumeur. Disponibles immédiatement, ces traitements conviennent dans des situations où une intervention rapide est nécessaire.
Effets secondaires et limites des traitements
Chaque option thérapeutique présente des effets secondaires spécifiques. La chimiothérapie peut entraîner une baisse des cellules sanguines, augmentant le risque d’infections, de fatigue et de saignements. Les CAR-T et les anticorps bispécifiques, bien que plus ciblés, ne sont pas sans risque. Le syndrome de libération de cytokines (qui se manifeste par une réaction inflammatoire excessive) peut survenir avec ces immunothérapies. Ce syndrome provoque de la fièvre, une chute de la pression artérielle et des difficultés respiratoires. Il est généralement plus modéré avec les bispécifiques qu’avec les CAR-T, mais peut nécessiter une hospitalisation (obligatoire pour les CAR-T). En outre, les anticorps bispécifiques exigent des injections régulières au début du traitement et augmentent le risque d’infections, nécessitant une surveillance étroite.
Avantages et inconvénients des CAR-T et des anticorps bispécifiques
Les CAR-T ont l’avantage de nécessiter une seule administration, avec des cellules qui continuent à agir assez durablement dans l’organisme. Cependant, leur délai de fabrication long, leur coût élevé (même si cela tend à s’améliorer) et la logistique à mettre en place dans les services limitent leur accessibilité à certains
centres spécialisés. Les anticorps bispécifiques, quant à eux, se distinguent par leur disponibilité immédiate et leur administration plus simple. Cependant, ils écessitent un traitement continu et augmentent également les risques d’infections. n conclusion, malgré ces avancées, aucun traitement ne garantit une guérison définitive du myélome multiple. Les rechutes restent fréquentes, même après des traitements avec les CAR-T ou les anticorps bispécifiques. La chimiothérapie et l’immunothérapie sont es approches adaptées selon l’état et le parcours de chaque patient.
Il est essentiel de discuter avec votre médecin pour choisir la meilleure option thérapeutique et en comprendre les bénéfices et les risques associés. Une bonne connaissance des traitements permet d’aborder votre parcours de soins avec plus de sérénité.