L’immunothérapie a pour objectif de stimuler ou renforcer votre système immunitaire afin qu’il puisse mieux combattre les cellules du myélome multiple. Depuis 2015, de nouveaux traitements comme le daratumumab et l’isatuximab, qui sont des anticorps monoclonaux, ont rejoint l’arsenal thérapeutique. Ces traitements permettent à votre système immunitaire de mieux identifier et éliminer les cellules malades. Plus récemment, les cellules CAR-T ont marqué une avancée majeure. Cette approche consiste à prélever vos propres lymphocytes T, à les modifier pour qu’ils puissent reconnaître et attaquer plus efficacement les cellules du myélome, puis à les réinjecter dans votre organisme. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’immunothérapies est en train de transformer la prise en charge du myélome : les anticorps bispécifiques. Contrairement aux anticorps monoclonaux classiques qui ciblent uniquement les cellules cancéreuses, ces nouveaux traitements ont une double action. D’un côté, ils se fixent sur une protéine présente à la surface des cellules du myélome. De l’autre, ils attirent et activent vos lymphocytes T, des cellules immunitaires qui jouent un rôle clé dans la destruction des cellules cancéreuses.
Des traitements prometteurs nécessitant une surveillance attentive
Plusieurs anticorps bispécifiques sont déjà disponibles ou en développement. Le teclistamab et l’elranatamab ciblent la protéine BCMA, un marqueur très présent sur les cellules du myélome. Ces traitements sont accessibles en France dans le cadre d’un Accès Précoce. Le talquetamab, quant à lui, cible une autre protéine, le GPRC5D, offrant ainsi une alternative pour les patients qui ne répondent plus aux traitements anti-BCMA. Pour l’instant, ce médicament est uniquement disponible dans le cadre d’essais cliniques en France. Ces thérapies ont montré une grande efficacité, même chez des patients dont la maladie a résisté à plusieurs lignes de traitement. Cependant, comme toute approche novatrice, elles nécessitent une surveillance médicale rigoureuse. Un des effets secondaires les plus courants est un « orage inflammatoire » appelé syndrome de relargage des cytokines, qui peut provoquer de la fièvre après les premières injections. C’est pourquoi ces premières administrations se font sous surveillance hospitalière.
Avec l’expérience acquise, de plus en plus de centres hospitaliers parviennent aujourd’hui à gérer ces traitements en ambulatoire, en adaptant leurs protocoles. L’activation intense du système immunitaire peut également entraîner une diminution temporaire des défenses contre d’autres infections. Pour limiter ce risque, des mesures préventives sont mises en place, comme l’administration d’antibiotiques ou d’immunoglobulines polyvalentes pour renforcer l’immunité.
Enfin, le talquetamab, en ciblant la protéine GPRC5D, qui est aussi présente dans la peau et les muqueuses, peut provoquer certains effets secondaires spécifiques tels que des troubles du goût, une inflammation de la bouche (mucites), des ongles fragilisés ou encore des éruptions cutanées.
Vers une utilisation plus précoce des anticorps bispécifiques
Les anticorps bispécifiques sont administrés par injection sous-cutanée. Le traitement débute à l’hôpital, avec une montée progressive des doses sur plusieurs jours, puis les injections deviennent hebdomadaires. Lorsque le traitement est bien toléré et efficace, l’intervalle entre les injections peut être espacé toutes les deux semaines. Pour l’instant, ces traitements sont principalement proposés aux patients en rechute, mais la recherche avance pour les intégrer plus tôt dans le parcours de soins. Certains essais cliniques explorent leur utilisation en association avec d’autres médicaments, et même en remplacement de certaines chimiothérapies lourdes.
En conclusion, l’arrivée des anticorps bispécifiques marque un tournant majeur dans le traitement du myélome multiple. En renforçant votre système immunitaire pour mieux cibler les cellules cancéreuses, ces thérapies offrent de nouvelles perspectives, y compris dans les formes de la maladie les plus difficiles à contrôler. Si elles nécessitent un suivi médical attentif en raison de leurs effets secondaires potentiels, leur efficacité ouvre la voie à des prises en charge plus personnalisées et potentiellement plus précoces. Grâce aux progrès de la recherche, ces traitements pourraient s’imposer comme une approche incontournable dans la prise en charge du myélome multiple, offrant de meilleures perspectives de contrôle de la maladie et une amélioration de votre qualité de vie.