Fatigue, douleurs, anxiété

Bulletin 47 -

Douleur : la prendre en charge dès les 1ers symptômes

Les douleurs sont fréquentes dans le myélome multiple. Causées par la maladie et par les traitements, elles peuvent être soulagées par une prise en charge médicamenteuse mais aussi par certains soins de supports. Entretien avec le Dr Iulia Soare, Service d’Hématologie Clinique et d’Oncologie Médicale, équipe mobile de la douleur soins de supports et soins palliatifs du Centre Hospitalier d’Avignon.

À quoi sont dues les douleurs ressenties par les malades du myélome multiple ?

La définition de l’International Association for the Study of Pain (IASP) prouve la difficulté à expliquer la douleur, étant un ressenti propre à chacun. L'IASP la définit ainsi :  « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en termes de cette lésion »
 
Pour bien la traiter, il faut déjà que le patient puisse bien la décrire. Les douleurs sont fréquemment liées à la maladie. Dans la plupart des cas, le myélome est révélé par des douleurs osseuses (souvent au niveau du dos, des côtes et des hanches…), la plupart du temps continues et majorées à la mobilisation. Les douleurs peuvent aussi être une des conséquences des traitements spécifiques. Il s’agit souvent de neuropathies périphériques, parfois très invalidantes dans la vie quotidienne. Il peut également exister des douleurs liées aux complications de certains traitements, par exemple des mucites buccales. Enfin, les douleurs peuvent être induites par les différents examens, nécessaires au diagnostic et au suivi, comme les myélogrammes ou les biopsies.

Quels sont les différents types de douleurs dans le myélome ?

La douleur osseuse est une douleur nociceptive, qui résulte d’une lésion dans le tissu qui constitue les os (tissu osseux) aussi appelées lésions lytiques ou lésions ostéolytiques. Elle est présente dès le début de la maladie, elle peut diminuer avec les traitements du myélome et dans les phases de rémission mais peut revenir et être le signe d’une progression de la maladie. 

La douleur neuropathique peut être centrale, suite à une compression médullaire, par tassement ou par fracture vertébrale ou périphérique, qui peut diminuer voire disparaître avec le temps car les nerfs peuvent guérir. Que la douleur soit nociceptive, neuropathique ou mixte, il est très important de l’identifier, l’évaluer, de déterminer les facteurs qui peuvent la déclencher ou la soulager ainsi que son impact et ses conséquences sur la qualité de vie et le sommeil. Il faut aussi intégrer les répercussions psychologiques de la douleur sur la vie du patient.

Comment les soulager ?

Toute douleur doit être signalée, pour pouvoir être évaluée et traitée rapidement. Il ne faut pas hésiter à en parler aux professionnels. La prise en charge de la douleur est pluridisciplinaire, elle s’appuie sur une concertation réunissant les différentes compétences à l’hôpital comme en ville.Le traitement médicamenteux du myélome est le premier qui va agir sur la douleur. Les antalgiques, du paracétamol aux opiacées et, en complément, les bisphosphonates et les corticoïdes (administrés ponctuellement) ont une bonne action sur les douleurs osseuses. La radiothérapie, les techniques de radiologie interventionnelle, telle la cimentoplastie ou vertébroplastie vont soulager certains patients permettant ainsi de diminuer le risque de fracture et de diminuer les doses des opiacées voir de les arrêter.

Concernant les douleurs neuropathiques, le choix du traitement est déterminé par différents facteurs conformément aux dernières recommandations de la SFETD (Société Française d’Etude et Traitement de la Douleur). Par exemple, si la douleur est localisée nous pouvons administrer en première ligne un patch de lidocaïne ou de la neurostimulation transcutanée (TENS). Si la douleur est plus di use, nous pouvons prescrire des anti-dépresseurs, antiépileptiques et en dernier recours, les opioïdes forts.Enfin, le malade peut faire appel aux approches complémentaires non médicamenteuses, accessibles quel que soit le stade de l’évolution de la maladie à l’hôpital ou en ville (la méditation de pleine conscience, l’hypnose médicale, l‘acupuncture, la sophrologie…). La kinésithérapie va aussi aider les patients à maintenir une forme physique optimale, ainsi que l’APA.

 

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