Mieux-être

Bulletin 39 -

Maîtriser ses douleurs grâce à l’hypnose

De nombreuses études cliniques ont démontré l’intérêt de l’hypnose pour soulager les douleurs et l’anxiété liées à la maladie ou à ses traitements. Cette thérapie non médicamenteuse vient compléter efficacement les thérapies conventionnelles curatives. Entretien avec Stéphanie SCHRECK, Psychologue au service d’hématologie et praticienne de l’hypnose médicale au Centre hospitalier de Mulhouse.

Quel est le processus de l’hypnose ? Que se passe-t-il au niveau du cerveau?

L’hypnose est un état naturel, dans lequel nous sommes chaque jour, rien qu’au moment du réveil et de l’endormissement. C’est un état de conscience modifié, qui donne accès au subconscient. Le subconscient est le siège de nos habitudes et de nos émotions. Avec l’hypnose, nous pouvons dépasser la barrière du mental et la faculté critique afin d’agir sur le subconscient, notre « disque dur » mental. Nous utilisons alors les métaphores comme langage spécifique du subconscient par le biais d’images, de symboles, de contes, qui mènent à la résolution de certaines problématiques.


Quels sont les bénéfices de l’hypnose sur la douleur ?

Les patients atteints de myélome sont douloureux pour la plupart. Ils décrivent différents types de douleurs, notamment des douleurs chroniques osseuses, mais aussi des neuropathies. Ils évoquent alors des sensations de brûlures, de fourmillements, de décharges électriques. Nous allons utiliser les termes qu’ils emploient pour le travail sous hypnose. Par exemple, certains patients décrivent la douleur comme une sensation de piqûre par une flèche, on va alors essayer, en hypnose, de faire changer la taille ou la texture de cette flèche, permettant parfois de passer de quelque chose de tranchant à quelque chose de plus doux, comme du coton. Dans certaines circonstances, nous pouvons même tenter de faire disparaître cette flèche.

L’hypnose consiste aussi à détourner l’attention, quand on a mal, on est centré sur sa douleur. On ne peut pas séparer corps et esprit quand on parle de douleurs chroniques. Il faut considérer la douleur comme une expérience sensorielle et émotionnelle.

L’imagerie a démontré que les centres cérébraux, responsables de la perception de la douleur sont étroitement liés au centre des émotions. C’est un phénomène tout à fait subjectif. La douleur est ressentie très différemment en fonction des individus, mais aussi en fonction de leur environnement, de leur vécu et du moment où la douleur intervient.

L’hypnose ne réduit pas la douleur mais la perception de la douleur. Les patients décrivent qu’ils souffrent moins notamment parce qu’ils sont beaucoup plus détendus. Quand il s’agit de douleurs chroniques, on travaille également la décontraction musculaire. Un patient qui pourra détendre chaque partie de son corps sera dans un autre rapport à son corps et par conséquent ressentira moins les sensations douloureuses.

A noter que la douleur est un signal d’alarme de notre corps, il est hors de question de faire taire ce signal sans diagnostic médical. Le suivi de la douleur par un médecin est essentiel, l’hypnose doit être pratiquée avec l’avis favorable du médecin.

L’hypnose intervient sur plusieurs symptômes en même temps. On peut travailler sur la diminution du stress par exemple. Nous pouvons aussi agir sur le vécu d’un patient qui a eu une mauvaise expérience, en changeant sa manière d’interpréter ce qui s’est passé. On travaille aussi sur le lâcher-prise chez ces patients qui me disent concer- nant le myélome : « chaque jour, je me lève avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ».

 

Comment se passe la 1ère séance ? Les suivantes ?

La prise en charge du patient est personnalisée. La première séance est le rendez-vous de la rencontre et de la mise en confiance, qui est essentielle pour la qualité du travail à venir. Il s’agit lors de cette 1ère séance de récolter des informations globales sur le patient, les événements qu’il a vécus, ce qu’il attend de ces séances, les objectifs de prise en charge. Je lui donne également des explications sur l’hypnose.

Le patient se souviendra de tout ce qui a été dit pendant la séance d’hypnose, il conserve tout son libre-arbitre. C’est important de savoir ce qu’il aime, les endroits dans lesquels il se sent bien, à quoi correspondent les images de confort pour lui. C’est à partir de ses propres paroles et des images qu’il utilise qu’on va travailler en hypnose. Après cette 1ère séance, je propose une séance de relaxation progressive, ce qui permet de le familiariser avec le sujet de l’hypnose. Elle permet aussi de commencer à pratiquer l’auto-hypnose pour que le patient puisse par lui-même retourner dans cet état. L’auto-hypnose est un exercice facile d’accès qui peut se pratiquer au quotidien. Elle prolonge l’hypnothérapie et accélère le processus d’intégration de la nouvelle structure mentale et son entretien Le but est que le patient soit le plus autonome possible. Le vrai enjeu est que le patient apprenne plusieurs techniques, par exemple la détente musculaire, la métaphore (par exemple aller se promener sur une plage) qu’il pourra réutiliser, à tous moments, en cas de douleur.

 

 

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