Fatigue, douleurs, anxiété

Bulletin 47 -

Quand l’art-thérapie apaise les maux

L’art-thérapie est un soin de support de plus en plus proposé dans les services hospitaliers. Elle permet une meilleure gestion des tensions nerveuses et des émotions et procure un sentiment de libération. Entretien avec Anne Garnerie, musicothérapeute. Musicienne de formation au Conservatoire, Anne a décidé de changer de métier à la trentaine, pour devenir musicothérapeute et exerce à la Ligue contre le Cancer depuis plus de 10 ans.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la musicothérapie ?

C’est l’utilisation de la musique et des sons à des fins thérapeutiques. Nous proposons 3 types de séances : les séances actives, les séances réceptives et la détente psychomusicale. La musicothérapie n’est pas un cours de musique, les malades peuvent arriver sans avoir aucune connaissance musicale c’est un partage avec le groupe par l’utilisation d’instruments accessibles.

Ce qui est commun à chaque séance, active ou réceptive, c’est la partie « détente psychomusicale » qui permet aux patients de décompresser.

Comment se déroulent ces séances ?

Avant de démarrer une séance de groupe, j’ai rencontré tous les patients en individuel afin de connaître leur histoire, j’ai connaissance de leur dossier médical sur ce qu’ils veulent bien m’en dire. L’historique des patients avec la musique est également très important, ils peuvent être fragiles émotionnellement ; la musique est un outil thérapeutique mais elle peut aussi parfois être déstabilisante car elle peut être associée à des événements douloureux. C’est pourquoi le choix des musiques s’avère crucial.

Durant une séance active, j’interviens avec des percussions et du chant. Chaque malade choisit l’instrument qui lui plaît, djembé, bongo, xylophone… et va présenter au groupe les sons qu’il a pu trouver. Ensuite je peux proposer une improvisation libre. Les malades peuvent exprimer leurs émotions par la musique au lieu de les verbaliser. Il m’arrive aussi de leur faire retravailler les textes d’une chanson, chacun amène sa pierre à l’édifice.

La séance réceptive consiste en l’action de recevoir des sons, de la musique, elle permet de verbaliser ses émotions, ses souvenirs, et de les partager avec le groupe. Une fois que j’ai ciblé les goûts musicaux des patients, je choisis des extraits que je leur fais écouter et après chaque diffusion, je leur demande ce que cela leur évoque, ce moment fait émerger des émotions, des souvenirs, des sensations corporelles…

Quant à la détente psychomusicale, c’est une forme de relaxation avec de la musique, elle est très appréciée par les patients. Je les fais s’allonger sur des tapis ou des transats, pour qu’ils se sentent vraiment bien, je commence par des exercices de respiration et après j’utilise un instrument de musique qui s’appelle le handpan, il émet des sons très doux. J’évoque toutes les zones du corps, en partant du haut pour finir vers le bas, c’est de la détente musculaire mais avec l’aide de la musique. Cela procure une telle relaxation que souvent les malades s’endorment !


En quoi la musicothérapie peut-elle agir sur le stress, l’anxiété, les douleurs ?

Toute séance de musicothérapie procure une détente car les sons lorsqu’ils sont choisis à bon escient permettent de sécréter des hormones, l’ocytocine, la dopamine mais aussi la sérotonine qui jouent sur l’anxiété, la dépression ou encore la fatigue. La détente psychomusicale agit sur la douleur, elle provoque un ralentissement du rythme cardiaque. Le fait de jouer des percussions, tout comme le sport, va diminuer la fatigue.


Quels sont ses autres bénéfices ? Quels sont les retours des malades ?

Elle procure de la joie, de la consolation, du confort. L’e et de groupe est également très important, les malades se sentent moins seuls, ils partagent leur vécu, leur maladie avec les autres, cela crée une cohésion de groupe. La parole est moins importante en musicothérapie mais elle est quand même présente et utile pour les malades. Les séances permettent aussi de créer du lien social.

La musicothérapie agit également sur l’estime de soi, la confiance en soi. Il y a aussi l’aspect découverte, les malades vont découvrir des musiques du monde entier, c’est un voyage notamment par la musicothérapie réceptive, les malades appréhendent la musique différemment.

Ils repartent différents, ils ont le sourire, ils sont détendus, c’est cela qui m’importe. La musique c’est la vie !

À lire aussi

Parcours de soins

Bulletin 49 -

Le métier d’infirmier en pratique avancée (IPA)

Sélection de livres

Bulletin 48 -

Une sélection de livres sur le myélome

12345678910111213141516171819