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Bulletin 48 -

Syndrome génito-urinaire ou SGUM et les traitements cancérologiques

Le syndrome génito-urinaire est la réunion de symptômes qui étaient anciennement analysés de façon isolées tel que les troubles vulvo-vaginaux, les symptômes sexuels ou les pathologies urinaires et pelviennes. Tout ceci a été désormais regroupé sous le terme de syndrome génito-urinaire de la ménopause suite à la réunion de la NAMS (North American Menopause Society) de 2014.

Une réalité objectivée

L’importance de ce syndrome est évidente puisqu’il concerne 27% des femmes globalement et qu’il évolue en augmentant au fur et à mesure que la femme avance dans la période post-ménopausique. On peut estimer que près de 60 à 70% des femmes six à huit ans après la ménopause sont concernées par cette pathologie.

Les signes sont bien connus réunissant sècheresse, saignements, brûlures, dyspareunie, sensation de rétrécissement vulvo-vaginal, pertes à type de leucorrhée, parfois malodeurs associées très souvent à un problème urinaire. La particularité de cette pathologie c’est que les femmes en parlent peu puisque seulement 25 % des femmes concernées signalent cette pathologie à leur médecin.


Une pathologie aggravée par les traitements du cancer

La plupart des femmes qui ont un traitement pour les cancers en particulier du sein ont un traitement avec une anti-aromatase qui va augmenter la sècheresse vaginale et réduire la libido. Souvent un traitement antidépresseur va majorer tous ces symptômes en augmentant la sécheresse vaginale. On mesure ainsi l’importance des traitements que ce soient les chimiothérapies ou les traitements par radiothérapie qui impacte toute cette zone tissulaire et qui vont perturber la qualité de vie. Il est donc essentiel de mettre en place des prises en charge spécifiques.


Prise en charge de ces pathologies

La prise en charge de ces pathologies impose une attitude nouvelle avec le dépistage systématique et pas simplement limitée à une écoute, puisque bon nombre de patientes n’osent pas en parler. Il faut donc les inviter à s’exprimer sur ces pathologies en expliquant leur fréquence et surtout en leur faisant part des possibilités thérapeutiques aujourd’hui. Il faut également les rassurer sur la nécessité d’un examen qui est indolore et d’une réassurance sur les possibilités thérapeutiques.

Cette démarche est d’autant plus innovante aujourd’hui que nous disposons de traitements qui associés donnent des résultats remarquables et qui peuvent permettre une réponse thérapeutique à toutes les patientes.

 

Les propositions thérapeutiques

1.   LES TRAITEMENTS CLASSIQUES :

En synthèse on dispose d’un traitement en trois étapes avec :

  1. En phase 1 : les topiques, le traitement de la flore et la rééducation
  2. En phase 2 : traitement de l’écosystème vaginal avec l’utilisation des lactobacilles ou d’estrogènes ou d’estriol locaux ou de DHEA
  3. En phase 3 : la stimulation de la vascularisation par la rééducation pelvi-périnéale ou l’électrostimulation fonctionnelle (ESF).

Les phases 1 et 2 sont le plus souvent à initier simultanément et parfois à associer avec les nouvelles techniques.

2.   LES TRAITEMENTS MODERNES : acide hyaluronique et techniques physiques.

En sus des traitements déjà évoqués, nous disposons aujourd’hui de solutions complémentaires telles que l’utilisation de l’acide hyaluronique en application locale ou en injectable, des techniques utilisant la radio fréquence, les lasers, la photobiomodulation.

  • L’utilisation de l’acide hyaluronique en crème ou en injectable sous muqueux permet d’avoir une amélioration très rapide des phénomènes de sècheresse vaginale et tous les autres symptômes et de la réduction des dyspareunies de façon importante avec des résultats durables dès lors que les traitements en application seront utilisés de façon continue.
  • L’utilisation des lasers, dont il existe deux types qui sont les laser CO2 ou les lasers Erbyum Yag, donnent des résultats à près de 80% d’amélioration sur les troubles de la trophicité au niveau vaginal dans toutes les études publiées depuis 2015 sur cette pathologie. Une étude spécifique chez les femmes ayant un cancer permet de donner une amélioration de près de 75% chez les femmes après trois séances de laser. Cette technique doit être utilisée par des opérateurs entraînés puisque la société américaine avait indiqué de prendre des précautions particulières en raison de risques de brûlures.
  • L’utilisation de la radio fréquence peut également être envisagée avec des études qui impliquent là aussi une formation des professionnels afin d’éviter des phénomènes de brûlures.
  • L’utilisation de la photobiomodulation ou LED qui associe très souvent de la photobiomodulation mais aussi des lasers froids (ce qui explique parfois qu’il y a des confusions dans les présentations entre ces différents lasers) permettent d’avoir des longueurs d’ondes pulsées qui donnent des résultats remarquables. Une étude menée au CHU de Nîmes a montré chez des patientes qui étaient en échec des autres thérapeutiques une amélioration de près de 80% au niveau de l’amélioration perçue par la patiente grâce à ce traitement (Bulletin du cancer 2023).


En conclusion

Le syndrome génito-urinaire concerne de plus en plus de femmes en post-ménopause mais surtout de façon spécifique et tout particulièrement les femmes traitées par chimiothérapie que ce soit pour des cancers gynécologiques ou non gynécologique. Il est donc nécessaire aujourd’hui de proposer ces nouvelles thérapeutiques qui peuvent être envisagées pour toutes les femmes. On peut aussi développer des solutions originales avec des consultations pré chimiothérapie ou pré radiothérapie permettant de préparer les tissus et d’éviter des complications graves et souvent très difficiles à traiter tardivement.

 

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