On se dit tout

Bulletin 26 -

Christian Draut : la dramaturgie de Kahler

Pièce en deux actes qui met en scène Christian, 71 ans. Cadre de gestion en retraite, il est père de deux enfants et vit en région.

Vis chaque jour comme si c’était le premier
Acte I, janvier 2012. Peu de temps après avoir échangé les vœux – Et surtout la santé ! – les douleurs de dos de Christian s’accentuent : « Elles devenaient insupportables malgré la kiné et les anti-inflammatoires. » Par chance, le médecin remplaçant son généraliste est rhumatologue : une électrophorèse, un scanner et une IRM plus tard, le radiologue envoie Christian directe- ment en neurochirurgie pour éviter la tétraplégie. « Le canal rachidien était comprimé par la déformation d’une vertèbre. Le risque tétraplégique était maximum. La laminectomie fut un immense soulagement. » L’interne entre en scène : « Il ne savait pas ce qu’était la maladie de Khaler, autre nom du myélome multiple. Ma femme avait signalé que mon père en avait été atteint car il peut y avoir une prédisposition génétique. Mes fils sont  informés. Ils sont formidables, très présents. » « Nous avons décidé d’un traitement par chimiothérapie. » Réussite immédiate et, au bout d’un an, fin des traitements. « J’avais vaincu la maladie. J’étais guéri. » Christian sait pourtant que ce mot n’a pas lieu d’être : « Le médecin avait été clair au diagnostic. Je lui ai même dit qu’il avait manqué d’élégance dans la formulation ! » Christian notait tout dans un carnet, retrouvé  pour  l’occasion. « J’avais décidé de gérer la maladie en professionnel avec l’objectif de guérison. J’y notais mes rendez-vous, mes questions, mes traitements Les dessins des vertèbres atteintes réalisés par les internes mais aussi mon ressenti : “Vis chaque jour comme si c’était le premier !” » Happy end. Rideau.

Vis chaque soir comme si c’était le dernier
Happy end ? C’était sans compter sur le second acte. Janvier 2015 : Bonne année ! Et surtout la santé. « Cela recom mençait, les mêmes symptômes, malgré de bons examens sanguins. » Cette fois, deux vertèbres sont touchées. « Le cliché radio l’emporte sur l’analyse sanguine. Cela montre encore une fois l’effet pervers de cette maladie ». La rechute est un rude coup sur la tête. « Je tolère moins ce qui est superficiel et j’ai beaucoup de mal à me séparer de cette idée que le chronomètre est en marche. J’étais perdu. Les traitements ont été très efficaces mais, psychologiquement, cela a été très dur pendant plusieurs mois. » Aujourd’hui, cela va mieux. « J’ai récupéré et j’ai à nouveau envie de faire quelque chose ». Côté effets secondaires, Christian constate une irritabilité plus importante. Il s’adapte à ce changement. Note dans son carnet : « Vis chaque soir comme si c’était le dernier, car nul ne sait de quoi demain sera fait. » Une philosophie de vie que Christian tire peut-être aussi de sa foi. « Elle apporte beaucoup mais cela ne veut pas dire être là à prier pour ma guérison. Je pense que l’on a tous les capacités et les moyens de pouvoir combattre ce qui nous arrive et d’aller mieux. La religion en est un. » Bref, à chacun de trouver son metteur en scène.

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