Vis chaque jour comme si c’était le premier
Acte I, janvier 2012. Peu de temps après avoir échangé les vœux – Et surtout la santé ! – les douleurs de dos de Christian s’accentuent : « Elles devenaient insupportables malgré la kiné et les anti-inflammatoires. » Par chance, le médecin remplaçant son généraliste est rhumatologue : une électrophorèse, un scanner et une IRM plus tard, le radiologue envoie Christian directe- ment en neurochirurgie pour éviter la tétraplégie. « Le canal rachidien était comprimé par la déformation d’une vertèbre. Le risque tétraplégique était maximum. La laminectomie fut un immense soulagement. » L’interne entre en scène : « Il ne savait pas ce qu’était la maladie de Khaler, autre nom du myélome multiple. Ma femme avait signalé que mon père en avait été atteint car il peut y avoir une prédisposition génétique. Mes fils sont informés. Ils sont formidables, très présents. » « Nous avons décidé d’un traitement par chimiothérapie. » Réussite immédiate et, au bout d’un an, fin des traitements. « J’avais vaincu la maladie. J’étais guéri. » Christian sait pourtant que ce mot n’a pas lieu d’être : « Le médecin avait été clair au diagnostic. Je lui ai même dit qu’il avait manqué d’élégance dans la formulation ! » Christian notait tout dans un carnet, retrouvé pour l’occasion. « J’avais décidé de gérer la maladie en professionnel avec l’objectif de guérison. J’y notais mes rendez-vous, mes questions, mes traitements Les dessins des vertèbres atteintes réalisés par les internes mais aussi mon ressenti : “Vis chaque jour comme si c’était le premier !” » Happy end. Rideau.
Vis chaque soir comme si c’était le dernier
Happy end ? C’était sans compter sur le second acte. Janvier 2015 : Bonne année ! Et surtout la santé. « Cela recom mençait, les mêmes symptômes, malgré de bons examens sanguins. » Cette fois, deux vertèbres sont touchées. « Le cliché radio l’emporte sur l’analyse sanguine. Cela montre encore une fois l’effet pervers de cette maladie ». La rechute est un rude coup sur la tête. « Je tolère moins ce qui est superficiel et j’ai beaucoup de mal à me séparer de cette idée que le chronomètre est en marche. J’étais perdu. Les traitements ont été très efficaces mais, psychologiquement, cela a été très dur pendant plusieurs mois. » Aujourd’hui, cela va mieux. « J’ai récupéré et j’ai à nouveau envie de faire quelque chose ». Côté effets secondaires, Christian constate une irritabilité plus importante. Il s’adapte à ce changement. Note dans son carnet : « Vis chaque soir comme si c’était le dernier, car nul ne sait de quoi demain sera fait. » Une philosophie de vie que Christian tire peut-être aussi de sa foi. « Elle apporte beaucoup mais cela ne veut pas dire être là à prier pour ma guérison. Je pense que l’on a tous les capacités et les moyens de pouvoir combattre ce qui nous arrive et d’aller mieux. La religion en est un. » Bref, à chacun de trouver son metteur en scène.