En 2012, après une certaine errance diagnostique, somme toute assez courante, et toute une série d’examens notamment sanguins, le verdict tombe, brutal, de la bouche du médecin : « Je sais ce que vous avez ; un cancer du sang. Pour quelqu’un de votre génération, on peut dire que c’est la même chose que Pompidou... Et juste après avoir dit cela, il est sorti de la chambre. J’étais seul à l’annonce. Je n’ai pas réfléchi, j’ai appelé ma femme, Marie- Jeanne, sans penser qu’elle allait être seule aussi. J’avais besoin d’en parler. » Faute de place en hématologie, François rentre chez lui une semaine avant de commencer les traitements.
Un chômage… qui tombe bien
Marie-Jeanne aussi a besoin de parler. L’hématologue propose qu’elle rencontre un psychologue. « Mais nous ne voyions pas le même. Ils ont tous les deux été extraordinaires. » Cela est d’autant plus utile que Marie- Jeanne est très présente pendant cette année difficile… grâce à son chômage. « Quelque part, cela a été une chance. Elle a retrouvé du travail en janvier 2013. D’ailleurs, dans l’ensemble, j’ai été bien choyé par mes proches et j’ai pu vivre une vie quasi normale. »
Une DRH… humaine
Au moment du diagnostic, François était commercial. « Je savais que je ne reprendrais pas le travail. Avec mon métier, un temps partiel thérapeutique n’était pas possible. » Les malades du cancer témoignent souvent des difficultés avec leur entreprise. François, lui, est tombé sur une DRH compréhensive. Après quelques arrêts de travail répétés au début de la maladie, elle a proposé de monter un dossier de départ anticipé à la retraite. « Comme j’avais commencé à travailler jeune, cela ne posait pas de problème. »
Des séquelles… réductrices
Avant l’autogreffe, François devait faire une cimentoplastie, mais il fait une infection importante. Une fois soigné, les examens sont refaits. « Ce n’était plus la peine. Les vertèbres s’étaient écrasées. J’ai eu de la chance qu’il n’y ait pas de compression de la moelle épinière. » À ce moment-là, François perd tout de même sept centimètres. « Déjà que je n’étais pas bien grand, alors vous pensez… »
À l’époque des grandes douleurs, François est sous morphine. « Quand j’ai pu l’arrêter cela a été difficile. » François fait partie des rares cas de dépendance ; « moi qui n’ai jamais fumé le moindre joint de ma vie. L’hématologue a eu le réflexe de m’envoyer chez une psy spécialiste en addictologie. » François hérite également d’un système immunitaire très dégradé. Il attrape à peu près tout ce qui traîne. « Je viens d’ailleurs de recommencer un traitement d’immunoglobulines pour me préparer à affronter l’hiver. »
Malgré cela, François, en rémission depuis plus de trois ans, se porte bien. « Certes, le stress augmente toujours un peu à la veille des examens de contrôle. Mais dans l’absolu, je suis relativement serein. »