On se dit tout

Bulletin 26 -

Françoise Letri : couché myélome ! C’est bien…

En arrivant dans la maison de Françoise, je suis accueilli par les jappements de son chien, un adorable petit bâtard de onze ans, très sauvage. Mélodie vient de la SPA.

Elle a été adoptée il y a sept ans. « Elle n’en fait qu’à sa tête. D’ailleurs, elle est beaucoup moins obéissante que mon myélome » ironise Françoise. Celui-ci a été découvert par hasard après avoir vu un rhumatologue pour une capsulite. Il s’est étonné de la vitesse de sédimentation et a prescrit une électrophorèse... Et depuis le diagnostic, comme si elle lui avait imposé de rester couchée, la maladie de Françoise est sage. Elle ne bouge presque pas.

Elle n’a d’ailleurs jamais reçu de traitement. « C’est à se demander si mon témoignage est intéressant… » questionne-t-elle. Eh bien si ! Car c’est une preuve de plus, s’il en fallait une, qu’il n’y a pas deux parcours identiques. Et ne pas avoir de traitement ne veut pas dire être exemptée des difficultés de la maladie : « À l’annonce, j’ai compris que je ne pourrais pas y arriver seule. J’ai voulu voir un psychologue. J’ai obtenu un rendez-vous début novembre après un diagnostic le 26 octobre. Et puis, il est vrai que j’ai quand même la boule au ventre à la veille des consultations. » De plus, son compagnon de l’époque a été moins sage que son myélome. « Il est venu avec moi à la première consultation mais, une semaine après, il a fait ses valises. Cela a été un choc, alors que nous venions de voir ensemble sur Internet que le pronostic vital était de cinq ans environ… » Pas de traitement donc, avec un pic qui n’a quasi jamais évolué. Il est longtemps resté à 6 : « J’ai eu peur une année car il est passé rapidement de 6 à 15. Je sais que certains sont traités avec un pic moins élevé. Mais, depuis, il reste stable, il a même un peu diminué. Mon médecin préfère me suivre de près et ne pas traiter. » Comme tous les malades, Françoise vit avec cette épée de Damoclès : « J’essaie de vivre le mieux possible. Je profite de la vie. J’ai beaucoup d’amis. Je fais de la sculpture. Je chante dans une chorale. » En famille, c’est simple, elle n’est pas malade : « Je vois souvent mes deux filles, mais il ne faut pas que je me plaigne. Elles me disent : “Tu ne nous embêtes pas avec tes trucs”».

Depuis 2008, Françoise est adhérente à l’AF3M et s’investit un peu plus dans l’association depuis environ cinq ans. Elle fait partie de la commission de soutien aux malades : « J’ai beaucoup d’appels, souvent d’aidants d’ailleurs, qui sont beaucoup plus angoissés que les malades. Dans ces moments-là, je suis contente d’être toute seule. » Elle est également membre du CA (Conseil d’administration) et responsable régionale Île-de-France. « L’association m’apporte beaucoup, y compris des amis, mais je voudrais déléguer un peu », peut-être pour se remettre à sculpter et à faire de la poterie.

Dans la décoration de la maison de Françoise, se côtoient ses œuvres et les souvenirs de voyages… « J’ai fait de très beaux voyages au loin. Aujourd’hui, je pars un peu plus près. Il y a plein de magnifiques endroits à découvrir en Europe ou même en France. » Parmi cette décoration, on trouve beaucoup de masques : « Mais pas de psychologie de comptoir, je ne me cache pas. Je regarde droit devant, et j’ai plein d’envies et de projets, d’autant que je n’imaginais pas en être là treize ans après.»

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