Bulletin 38 -

1. Neuropathie, douleur neuropathique et CIPN : définitions

Qu’est qu’une neuropathie ? Qu’est-ce que la douleur neuropathique ? Qu’est-ce que les neuropathies périphériques induites par les chimiothérapies, les CIPN (chemotherapy-induced peripheral neuropathy) ?

Qu’est qu’une neuropathie ?

Une neuropathie est une atteinte d’un ou plusieurs nerfs du système nerveux parle de neuropathie autonome ou végétative. Les douleurs neuropathiques sont des symptômes de la neuropathie et plus spécifiquement quand ce sont les nerfs sensitifs qui sont touchés.La définition actuelle de la douleur neuropathique est : « douleur secondaire à une lésion ou une maladie affectant le système somato-sensoriel » (SNC ou SNP).

Les symptômes dépendent du type de nerf qui est affecté. Il existe dans l’organisme des nerfs sensitifs, des nerfs moteurs et des nerfs autonomes.

  • Les nerfs sensitifs, lorsqu’ils sont affectés (nerfs qui contrôlent la sensation) peuvent être à l’origine de picotements, de brûlures, de douleurs lancinantes, de sortes de chocs, d’engourdissements, de démangeaisons ou de faiblesses dans les pieds et les mains. On parle de neuropathie sensitive.
  • Les nerfs moteurs quand ils sont lésés (nerfs qui permettent de se mouvoir) provoquent une faiblesse dans les pieds et les mains. On parle de neuropathie motrice.
  • L’atteinte des nerfs du système nerveux autonome (nerfs qui contrôlent les organes du corps, par exemple l’intestin et la vessie) engendre des modifications de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle ou du système sudoral.

On parle de neuropathie autonome ou végétative. Les douleurs neuropathiques sont des symptômes de la neuropathie et plus spécifiquement quand ce sont les nerfs sensitifs qui sont touchés.

 

Qu’est-ce que la douleur neuropathique ?

La définition actuelle de la douleur neuropathique est : « douleur secondaire à une lésion ou une maladie affectant le système somato-sensoriel » (SNC ou SNP). Les douleurs neuropathiques ont des caractéristiques cliniques relativement spécifiques qui permettent de les distinguer des autres douleurs chroniques.

La prévalence des douleurs neuropathiques en cancérologie est mal connue et reste difficile à évaluer. Ces douleurs ont en effet des causes d’origines très variées, et l’estimation de leur prévalence dépend de la filière de soins suivie par le patient. D’autre part, chez certains patients, la lésion neurologique causale reste méconnue, et chez d’autres, alors que la lésion neurologique est connue, le rapport entre le syndrome douloureux et la lésion n’est pas fait et n’est donc pas considéré comme une conséquence. Ainsi, la prévalence des douleurs mixtes en cancérologie, c’est-à-dire comportant une composante neuropathique et une composante non neuropathique, est probablement élevée mais mal connue.

Les douleurs neuropathiques périphériques sont largement majoritaires. Les douleurs neuropathiques iatrogènes, en particulier consécutives à des actes chirurgicaux, ont une prévalence qui semble augmenter et elles concernent une proportion importante des patients vus en centre spécialisé.

L’étude de l’INCA en 2012, réalisée auprès de 1 507 patients atteints de cancer et traités en ambulatoire, rapporte une douleur neuropathique chez 43 % d’entre eux et chez 36 % d’entre eux cette composante neuropathique est au premier plan du tableau clinique.

 

Les neuropathies périphériques induites par les chimiothérapies, les CIPN (chemotherapy-induced peripheral neuropathy)

Les neuropathies périphériques induites par les chimiothérapies sont fréquentes, avec des caractéristiques sémiologiques propres. Outre leur impact sur la poursuite des traitements avec « une perte de chance » dans la réalisation optimale des protocoles de chimio- thérapie, elles ont un effet délétère sur la qualité de vie chez les patients après cancer. Les médicaments ont des différents mécanismes d’action, mais un bon nombre d’entre eux partagent un effet indésirable et invalidant commun pour les patients, les neuropathies périphériques et les CIPN. Les CIPN ont un impact considérable sur la réalisation des traitements anticancéreux et les symptômes associés affectent fortement les activités quotidiennes et la qualité de vie des patients. Ainsi, les CIPN sont souvent le principal effet indésirable qui conduit à la réduction ou à l’arrêt de la chimiothérapie.

En outre, ces symptômes peuvent continuer à se développer et à progresser pendant plusieurs mois après la chimiothérapie (appelé effet de « coasting») et peuvent persister pendant des périodes allant de plusieurs mois à quelques années après la fin de la chimiothérapie. Les symptômes cliniques classiques des CIPN impliquent le système nerveux périphérique et conduisent à une neuropathie périphérique avec une distribution typique en « gants et chaussettes » caractérisée essentiellement par des altérations sensitives telles que des paresthésies (fourmillements/picotements), des dysesthésies (augmentation de la sensibilité au touché à la température : allodynie tactile ou thermique), un engourdissement et des douleurs neuropathiques. Dans les cas les plus graves, ces neuropathies évoluent vers des déficits fonctionnels et moteurs (6,8). L’incidence des CIPN est autour de 30-40%.