Bulletin 26 -

2. Quels coûts intègre le prix d’un médicament innovant ?

En premier lieu, les coûts de recherche et développement. En effet, les études cliniques comparatives actuellement indispensables pour évaluer l’intérêt clinique d’un médicament nouveau sont très coûteuses.

Elles portent fréquemment sur un grand nombre de patients, sont souvent internationales et doivent respecter des règles de qualité et de sécurité de plus en plus draconiennes. On notera que les coûts de production représentent une très faible part dans ce prix, même si dans un futur proche, des médicaments réellement individualisés, notamment en immunothérapie du cancer, pourraient générer des coûts de production élevés. Enfin, chacun sait que l’industrie pharmaceutique est un secteur à haut risque, lié à la durée de vie d’un produit et aux règles sur les médicaments génériques, ce qui contribue également à renchérir les coûts.

Toutefois, en tant qu’association de malades, et bien que de tels arguments soient recevables, nous ne pouvons que relever la grande opacité qui entoure ces coûts de recherche et développement et noter que les sommes investies par les industriels pour développer un médicament sont très élevées, jusqu’à plusieurs dizaines de millions d’euros, sans que ces montants soient facilement vérifiables. Une plus grande transparence nous semble nécessaire, et l’AF3M mettra tout en œuvre pour que des réponses recevables soient apportées aux questions soulevées.

 

Comment définir le « juste prix » d’un médicament innovant ?
 

En premier lieu, il nous semble important de rappeler que le médicament n’est pas un produit commercial comme un autre. En effet, et contrairement à l’achat d’un bien ou service courant, le malade se trouve d’une certaine façon en position de « client incontournable ». Aussi, face à l’arrivée de nouveaux médicaments très chers, il nous paraît justifié d’être vigilants afin de s’assurer que ne nous soyons pas « pris en otages », d’autant plus que le coût de ces médicaments est en France directement pris en charge par l’Assurance Maladie. Pour l’AF3M, cet « avantage » ne doit pas conduire à fixer le prix des médicaments en fonction de ce que le système de santé peut tolérer, mais au contraire doit tenir compte au plus près des coûts et des perspectives de marché.

Par ailleurs, il est tout aussi choquant de constater que le prix de commercialisation de certains traitements puisse varier suivant les pays dans une fourchette de un à dix, avec des prix beaucoup plus élevés dans les pays développés. Pour l’AF3M, la prise en compte de la valeur ajoutée d’un nouveau médicament, les avancées qu’il apporte, autrement dit l’amélioration du service médical, est une bonne approche, sous réserve que celle-ci ne s’appuie pas uniquement sur des con- sidérations financières.

En effet, le même constat sur l’évolution des coûts aurait pu être fait lorsque les médicaments, utilisés aujourd’hui en routine pour traiter le myélome, sont arrivés il y a une dizaine d’années sur le marché. Or, force est de constater que c’est l’accès précoce à ces traitements (dès la première ligne de traitement) qui a permis d’améliorer très sensiblement la survie des malades, et bien souvent au-delà de ce qui ressortait à l’issue des essais cliniques.

L’AF3M ne manquera pas de faire part de sa position aux autorités de Santé, œuvrant pour que, a minima en Europe, les pays de PIB comparable s’accordent sur les méthodes d’évaluation de la valeur d’un médicament nouveau et sur les stratégies de fixation des prix en demandant que des représentants des malades puissent être associés à ces discussions, notamment au sein du Comité Économique des produits de santé, en charge en France de négocier les prix des médicaments innovants avec l’industrie pharmaceutique.